
J’ai le plaisir de vous informer qu’un jury constitué des anciens lauréats, présidé par Madame le Prof. Dr. Simone Scheers (KUL), a octroyé le 10ème Prix quinquennal du Cercle d’Études Numismatiques (2009-2014) à Monsieur Thibault Cardon. Il publia alors quelques petits articles relatifs aux monnaies romaines découvertes sur le site de la Place Carnot de Lillebonne, sa commune natale. À partir de 2001 et ce pendant de nombreuses années, il travailla sous la direction de l’archéologue Marie-Cécile Truc (Inrap-Craham) avec laquelle il allait découvrir et s’initier à l’archéologie médiévale. Il se vit ensuite confier l’étude des monnaies du site de Saint-Thomas d’Aizier (Eure) sous la conduite de Jacqueline Pilet-Lemière, archéologue médiéviste alors rattachée au laboratoire de numismatique du Craham (Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales – Caen) et du numismate danois Jens-Christian Moesgaard (Cabinet des Médailles, Copenhague). Il poursuivit ses études à la faculté d’Histoire à Rouen puis décrocha son master d’Archéologie et Histoire des Arts à l’École Pratique des Haute Études sous la conduite de Marc Bompaire en 2010. En septembre 2011, il est devenu doctorant contractuel au GAM (Groupe d’Archéologie Médiévale) et du CRH (Centre de Recherches Historiques) à l’Ehess, sous la direction conjointe de Mathieu Arnoux et de Marc Bompaire. Il collabora également avec d’autres institutions comme le Service Municipal d’Archéologie de Chartres. Il fit partie de la coorganisation début 2015 d’une journée d’étude à l’EPHE sur la circulation des monnaies romaines de bronze durant le premier Moyen Age. Il a travaillé également sur les monnaies satiriques du XIXème siècle auxquelles, bien que sortant quelque peu du cadre central de ses recherches, il apporte une vision inhabituelle puisque ces objets sont confrontés aux documents d’archives. Ce fut d’ailleurs le thème choisi par le lauréat lors de la séance académique de remise du prix à la Bibliothèque royale de Belgique, le 25 avril de cette année. Ces recherches sur les monnaies satiriques feront l’objet de plusieurs articles dans le BCEN ; le premier de ces textes apparaît ci-après. Enfin last but not least, Thibault Cardon est membre du Bureau éditorial du JAN depuis 2010 et collabore régulièrement à la mise en route des études composant notre revue annuelle dont le cinquième volume est déjà en préparation. Le 10ème Prix quinquennal est ainsi entre de bonnes mains et nous avons profité de cette dernière manifestation pour en modifier quelque peu les conditions de sélection. Le Professeur Paul Naster de Louvain en fut le premier bénéficiaire, suivi systématiquement de cinq ans en cinq ans par les Prof. Philip Grierson, Simone Scheers, le Dr. Pierre Bastien, Jean-Marc Doyen, les Prof. Anna Balaguer, Edmond Dekesel, Lucia Travaini, et le lauréat désigné en 2009, Luc Smolderen. Depuis lors, la principale modification a été portée sur l’âge du bénéficiaire afin que ce ne soit plus une récompense de fin de carrière pour service rendu à la numismatique mais plutôt comme un encouragement à son développement et à son essor. L’âge a donc été ramené à 35 ans maximum sans tenir compte d’une éventuelle alternance de nationalités. Remise du Prix Quinquennal de Numismatique à la Bibliothèque royale de Belgique, le 25 avril 2015. De gauche à droite : Photo Luc Severs Production et circulation des monnaies noires Études de monnaies de fouilles
Le lauréat est un jeune chercheur français né en 1985 dans la Seine-Maritime. Il s’intéressa très tôt à l’archéologie ainsi qu’à la numismatique puisque dès sa quinzième année il s’inscrivit à la Société Normande d’Études Numismatiques et participa à son premier chantier de fouille.
Il soutint d’ailleurs son master sur les monnaies isolées et le dépôt monétaire découvert à Aizier.
Il mit à profit cette période pour se familiariser avec les monnaies médiévales en contexte archéologique et plusieurs études lui furent confiées comme le trésor de Saint-Fraimbault-sur-Pisse, le premier trésor Viking trouvé en Normandie (The First Recorded Viking Hoard in Normandy), etc.
Depuis il continue l’étude et la publication de monnaies médiévales et modernes issues de contextes archéologiques, principalement pour la moitié nord de la France et ce notamment pour l’Institut national de recherches archéolo-giques préventives (Inrap). Dans ce contexte, il passe du chantier de fouille du camp napoléonien de la Porte Guillaume à Chartres aux monnaies, jetons et méreaux de la forteresse de Pont-de-l’Arche en Seine-Maritime.
C’est dire si son éventail de recherches numismatiques est large.
Les activités de notre lauréat ne se limitent pas à des recherches de terrain et à leurs publications puisqu’il est le rédacteur de la rubrique « Archéologie et Numismatique » pour le portail informatique Ménestrel (Urfist), rattaché au PAS de l’Inrap « Archéologie de l’habitat rural du haut Moyen Age en Champagne-Ardenne ».
Sa thèse de doctorat en cours, tente une approche différente des monnaies de fouille, en abordant les usages des monnaies médiévales et en les examinant dans une approche plus anthropologique que strictement économique.
Le Prix quinquennal fut instauré en 1969 ; il était destiné à récompenser un chercheur ayant contribué dans un cadre scientifique au développement de la numismatique. Il était prévu que la récompense, matérialisée à l’époque par l’octroi d’une somme de 40.000 FB (soit environ 1000 €), serait alternativement attribuée à un chercheur belge et à un chercheur étranger.
Christian Lauwers, Thibault Cardon, Jean-Marc Doyen et Jean-Claude Thiry.Bibliographie de M. Thibault Cardon1